PANSER/PENSER L’INFINI
elles sont assemblées pour former le ∞ de l’infini et s’attouchent pour dessiner une bouche, là où le filet doré s’interrompt. L’inclinaison des deux pièces induit la sensation voulue par l’artiste d’un déversoir, du passage d’un liquide de l’une à l’autre. Dans un rapport à la vaisselle, à la nourriture qui emplit la panse, Denis Falgoux fait référence avec humour aux assiettes imitant les mets ou aux terrines zoomorphes, à la fois utilitaires et arts de la table.
Denis Falgoux
Ici il va plus loin dans le rapport qu’il établit depuis toujours entre contenant et contenu, nourriture et spiritualité, parlant des stucs rocaille ou du fauteuil confidences qui trace un S et permet, selon lui, des conversations à deux ou à soi-même, côte à
côte, pour lui qui confie avoir « toujours cherché un double ».
Cette pièce, unique pour l’instant, sortie du four en septembre 2012, est l’archétype d’une série à venir. La sculpture est composée de deux réceptacles en porcelaine blanche, en forme de moule, une variante autour de la forme de l’intestin. Les pièces de forme sont jumelles – engobe émaillé pour l’extérieur, filet d’or fin qui court sur la lisière supérieure – mais leurs intérieurs diffèrent : émail blanc brillant pour l’une et biscuit mat pour l’autre. Elles sont assemblées pour former le ∞ de l’infini et s’attouchent pour dessiner une bouche, là où le filet doré s’interrompt. L’inclinaison des deux pièces induit la sensation voulue par l’artiste d’un déversoir, du passage d’un liquide de l’une à l’autre.
Jardin secret
Dans un rapport à la vaisselle, à la nourriture qui emplit la panse, Denis Falgoux fait référence avec humour aux assiettes imitant les mets ou aux terrines zoomorphes (1), à la fois utilitaires et arts de la table. Falgoux va plus loin ici, dans le rapport qu’il établit depuis toujours entre contenant et contenu, nourriture et spiritualité, parlant des stucs rocaille ou du fauteuil confidences qui trace un S et permet, selon lui, des conversations à deux ou à soi-même, côte à côte, pour lui qui confie avoir « toujours cherché un double ».
Mais qu’importe le discours ! Mieux vaut laisser place à la fascination de la porcelaine gansée, ourlée, à ses petites grottes douces, ses sinuosités et méandres tendres et sensuels. Falgoux dépasse ici ce que prédisait Patrick Mialon : « On ne peut alors qu’entendre le désir profond de Falgoux de réparer le monde, de soigner sa blessure (…) en pansant l’existence, en (re)pensant l’existant » (2).
I. C. P.
1. Vues au Musée de la Chasse et de la Nature à Paris.
2. In, Au Même titre éditions, Paris, 2002, p.8
2012
sculpture en deux parties en porcelaine de limoges
9 x 30,5 x 36,7 cm chaque