MAIN COURANTE – RAMPE
C’est une démarche volontaire, palpable. la rampe est physiquement présente. l’objet est là, je peux le saisir. il me faut tout en le préservant, garder sa forme, transformer sa substance, sa réalité objective. L’enfoncer dans la terre, c’est l’amener prématurément à l’état archéologique en moulant uniquement la partie émergeante. En faire un tirage noir et le reposer sur lui-même, c’est le stratifier, lui appliquer une horizontalité. C’est aussi créer un lien, un espace dans le temps, comme un fondu au noir au cinéma ou un silence radio un peu trop long que nous pensons être une panne, profondément, inconsciemment ressenti comme une absence, pas l’absence du sujet, qui est dans ce cas justement rendu plus intimement présent.
Denis Falgoux
L’artiste nous donne des clés : « la rampe est un objet familier, et le verbe ramper évoque en moi notre histoire, cette nécessité de l’homme de se tenir debout, d’avancer, d’inventer, sujet toujours contemporain de la sculpture […] C’est une démarche volontaire, palpable. La rampe est physiquement présente. L’objet est là, je peux le saisir. Il me faut tout en le préservant, garder sa forme, transformer sa substance, sa réalité objective. L’enfoncer dans la terre, c’est l’amener prématurément à l’état archéologique en moulant uniquement la partie émergente. En faire un tirage noir et le reposer sur lui-même, c’est le stratifier, lui appliquer une horizontalité. C’est aussi créer un lien, un espace dans le temps, comme un fondu au noir au cinéma ou un silence radio un peu trop long que nous pensons être une panne, profondément, inconsciemment ressenti comme une absence, pas l’absence du sujet, qui est dans ce cas justement rendu plus intimement présent (1). »
Comme il arrive souvent dans le travail de Denis Falgoux, c’est une pièce qui a évolué dans le temps de la création et de la réflexion, en particulier pour le questionnement de sa présentation ; certains de ces éléments sont déjà apparus antérieurement dans le contexte du film ne. Ils sont ici rassemblés pour prendre un sens différent, dans un contexte de monstration autre, une nouvelle vibration. Leurs formes évoquent lointainement la main courante d’une rampe d’escalier. Chaque élément a des formes courbes et coudées, légèrement différentes. Posées comme une lisière en pointillé sur un sol blanc de farine plâtreuse, ces sculptures marquent la séparation entre un espace central, recouvert d’une peau blanche, et l’extérieur. La farine posée au sol est un matériau récemment utilisé par Denis Falgoux, pour renouer avec ses origines. La farine induit une lumière douce, une trace veloutée qui accentue l’ombre portée. Un grand cœur symbolique apparaît, tout empreint d’une grande pureté et d’une spiritualité certaine. Cette installation est réalisée pour occuper un espace spécifique et central dans une salle du Musée Art Roger Quillot : le spectateur est invité non seulement à considérer l’installation, dans l’espace de la salle, à même le sol, mais aussi à la regarder, en plongée, depuis le balcon du niveau supérieur, dans un point de vue autre.
Jardin secret
Les dessins, associés au mur, « suggèrent une probable origine marine, bactérienne, lavis volontairement peu contrastés, pour accentuer ce souvenir lointain et diffus » (1) précise l’artiste.
Nathalie Roux
(1) Citations de Denis Falgoux extraites de Rampes, circa 2006, n.p.
2000-2012
Sur fine couche de farine, huit sculptures autrefois nommées « Rampes », sont des sections de mains courantes moulées en plâtre teinté dans la masse, blanc, surmontées d’un moule en résine gris foncé.
Chaque sculpture : 12 x 15 x 50 cm
Disposées en installation au sol, elle forment, en pointillé, la délimitation d’un espace intérieur, et déterminent le tracé d’un cœur.
Circonférence de l’installation : 120 cm
« La rampe est un objet familier, et le verbe ramper évoque en moi notre histoire, cette nécessité de l’homme de se tenir debout, d’avancer, d’inventer, sujet toujours contemporain de la sculpture. »